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Le lycée français international de Tokyo lance un appel d'offres pour son service de restauration scolaire - dépôt des offres le 28 janvier 2025 à 12h00 (heure de Tokyo).

L'anglais et le japonais suivent le français.
English and Japanese follow French.
英語と日本語はフランス語に続きます。

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JDC 2016 - 2017 AU LFI Tokyo

Le vendredi 18 novembre 2016, notre établissement a accueilli comme chaque année, la journée Défense et Citoyenneté organisée par l'ambassade de France en présence de Monsieur Yves ALEMANY, président de l'association OLES JAPAN.

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Organisée sous l'égide du consulat, cette journée a pour but d'offrir à nos élèves un premier contact avec nos institutions en matière de défense et plus généralement de sécurité nationale. Nos lycéens ont ainsi pu découvrir les "rouages" du système de défense français, et se "ré-approprier" le fonctionnement des institutions de la République.

Cet après-midi de formation, obligatoire pour les élèves âgés de 16 à 18 ans, est l'occasion de présenter aux jeunes citoyens les missions de Défense Nationale du Ministère de la Défense, de faire un retour sur les institutions de la cinquième République et de découvrir les différents métiers qu'offre la carrière militaire. Cette journée a donné lieu à la remise d'une attestation, il s'agit d'un document officiel, nécessaire pour passer tous les examens français, le permis de conduire y compris.

Nous vous proposons de retrouver ci-dessous le discours d'introduction de Monsieur Yves ALEMANY :

"Tout d’abord, je tiens à vous saluer, tout particulièrement, vous, élèves de première et terminale du LFI Tokyo (Lycée Français International de Tokyo) et peut-être quelques autres venus d’autres établissements scolaires. A l’occasion de cette Journée Défense et Citoyenneté, j’ai accepté de venir partager avec vous aujourd’hui mon expérience personnelle de citoyen français. Expérience essentiellement vécue, depuis un peu plus de 40 ans, ici au Japon. Je vous parlerai de mes engagements comme représentant de mes compatriotes auprès des pouvoirs publics et aussi de ma participation à la vie associative au sein de la communauté française du Japon, ce que l’on peut appeler « un parcours citoyen » et qui, vous le constaterez vous-même, n’est pas du tout incompatible ou nuisible avec « un parcours professionnel » réussi. En dehors de cela, ma légitimité à intervenir à l’occasion de la JDC est d’avoir été Auditeur de la Session Nationale du prestigieux Institut des Hautes Études de Défense Nationale (IHEDN- promotion IH52) qui est une sorte « Think Tank » qui regroupe les futurs hauts responsables de l’Etat Major de l’Armée Française et quelques membres privilégiés de la société civile sélectionnés pour leurs intérêts et leur interaction avec le milieu et les questions liées à la défense nationale.

Vous êtes « les graines de l’espoir ». Grâce à vos professeurs que, bien sûr, je salue, et surtout grâce au sérieux avec lequel vous avez poursuivi vos études ici au LFI Tokyo, vous avez la tête bien faite, vous êtes sérieux et vous êtes aussi des esprits curieux et généreux, vous envisagez pratiquement tous après l’obtention de votre baccalauréat de poursuivre des études supérieures. Vous êtes déjà bien préparés pour contribuer au rayonnement de la France et, même si vous n’y pensez pas trop, vous avez déjà « une conscience citoyenne » acquise à l’Ecole de la République. Lieu de transmission des connaissances, l’école est aussi celui de l’apprentissage de la citoyenneté et du partage des valeurs de la République. 

Pour illustrer cela, je vous cite de façon anecdotique l’hymne à l’Ecole laïque qu’il y a encore une quarantaine d’années, on faisait apprendre aux enfants du primaire et qu’ils devaient savoir réciter par cœur : 

Elle nous enseigna des jours fameux l'histoire

En forgeant nos esprits elle éleva nos cœurs 

Faisant revivre en nous l'éternelle mémoire 

Des héros, des martyrs, des émancipateurs.

Et dont le refrain était : 

Honneur et Gloire à l'Ecole Laïque 

Où nous avons appris à penser librement

À DÉFENDRE À CHÉRIR LA GRANDE RÉPUBLIQUE 

QUE NOS PÈRES JADIS

ONT FAITE EN COMBATTANT.

Ainsi, vous pouvez constater que la Journée Défense Citoyenneté à une certaine époque prenait place très tôt dans l’enseignement !

Votre éducation ici à Tokyo vous a permis d’acquérir une ouverture sur le monde exceptionnelle et vous avez la chance de pouvoir rêver à de grands horizons, toutefois il vous faut aussi comprendre que même si la vie à l’étranger vous donne le sentiment d’être des « citoyens du monde », vous devez rester prudents, le vertige de la mondialisation peut être très cruel à vivre, c’est une jungle d’intérêts et de lutte de pouvoirs qui souvent déshumanise, pour y survivre il faut pouvoir l’affronter avec des valeurs sûres, des valeurs fortes. Afin de pouvoir vous lancer à l’assaut du monde, vous devez d’abord savoir qui vous êtes et comme on a coutume de dire : « Savoir d’où l’on vient, pour savoir où l’on va », ceci est indispensable pour que, dans le cadre de ce monde globalisé, si vous souhaitez vous émanciper, vous puissiez avoir des repères fondés sur des valeurs universelles certes, mais aussi nationales qui puissent éclairer votre liberté de jugement pour agir de façon responsable. Ceci est l’objet et le but de cette Journée Défense et Citoyenneté instituée en 1997 depuis la suspension du Service National plus connu dans la mémoire collective populaire sous le nom de Service Militaire ou encore d’Appel sous les Drapeaux. 

Au terme de cette introduction, vous relèverez que nous avons donc prononcé 5 mots essentiels : Défense, Nation, Citoyenneté/Citoyen, Militaire et encore Drapeau. Osons prononcer ces mots et cherchons à les définir, ils font partie de notre patrimoine de mots liés à notre épopée républicaine. Ils sont le symbole de l’unité républicaine ; j’y reviendrai un peu plus loin pour vous donner un éclairage qui, je pense, devrait être consensuel.

Toutefois, en préambule à mon propos de ce jour, il est important que je vous apporte quelques précisions, non pas par précaution oratoire parce que je dois m’exprimer ici, au Lycée Français, dans l’espace public mais purement par honnêteté intellectuelle et morale vis-à-vis de vous ; je tiens donc à préciser que je ne suis ni historien, ni philosophe encore moins politologue ou sociologue, je revendique de pouvoir m’exprimer librement et honnêtement à titre personnel avec mes convictions et les engagements qui sont les miens, conscient cependant que je m’adresse à des jeunes filles et des jeunes gens dont je respecte la liberté de conscience et aussi les convictions. Je me présente donc comme « un passeur d’expérience », un témoin de son époque ; tout ce que vous entendrez aujourd’hui vient de moi, ça ne sort ni d’un livre ni d’un polycopié récupéré je ne sais où ! Mes propos m’appartiennent, ils se veulent responsables et ouverts à l’échange et au dialogue que, je l’espère, nous aurons tout à l’heure dans la partie du programme qui est prévue pour les questions-réponses. Pour approfondir les choses, il est important qu’il puisse y avoir débat, le dialogue ne signifie pas taire ses convictions et sa vision de la société, mais accepter une attitude d’écoute et de partage. Ma décision d’être là, aujourd’hui, devant vous, repose sur ma motivation de pouvoir transmettre une expérience humaine et citoyenne à de jeunes citoyens, et, ma démarche est le dialogue et le partage par delà les différences. Je parle sous le contrôle de Monsieur l’Attaché de Défense auquel je remercie de m’avoir fait confiance.

J’appartiens à la première génération, celle dite du baby boom, qui n’a pas connu la guerre sur le territoire métropolitain, mais on se battait encore en Indochine et en Algérie, et, pourtant, je viens vous parler Défense et Citoyenneté. C’est donc que ces notions sont toujours essentielles pour assurer notre sécurité et promouvoir l’Unité Nationale autour des valeurs de la République. Longtemps, les guerres ont été le moteur de l’histoire, la paix venait ensuite, mais la garantie de la paix restait toujours la menace de la guerre ! La paix était si mal négociée, la plupart du temps dans un esprit revanchard, que, dans le traité de paix lui-même, on pouvait déjà déceler les motifs de la prochaine guerre ! Le traité de Versailles étant sans doute le meilleur exemple. « Si vis pacem para bellum », si tu veux la paix, prépare la guerre ! Donc l’équilibre de paix reposait sur la guerre, d’où l’importance d’entretenir en permanence et à grand frais pour le budget de la Nation une armée bien formée et bien équipée prête à intervenir. On vient de commémorer le 11 novembre qui, historiquement, marque la date de l’armistice de la Grande Guerre, dite de 14-18, cela devait être la dernière guerre, « la der des ders » disait-on alors, il y eut ensuite la guerre de 39-40, dite deuxième guerre mondiale qui s’est prolongée jusqu’au 8 Mai 1945, un nouvel équilibre de paix avait été décidé à Yalta, à la haine devait succéder la réconciliation, je fais un raccourci sur la guerre froide, ensuite grâce au Général de Gaulle et au Chancellier allemand, Adenauer, on a tout misé sur l’Europe, ce qui nous a apporté la prospérité et la paix pendant quasiment 70 ans….

Aujourd’hui les Droits de l’Homme et le combat pour la Démocratie sont le moteur de l’histoire, cela entraîne des combats d’idées et idéologiques pour lesquels la France s’engage au nom des valeurs de la République issues de la révolution française et qui sont devenues des valeurs universelles que toutes les démocraties partagent. Cela se traduit très souvent par un engagement militaire de la France directement ou dans le cadre de l’ONU, voire aussi de l’OTAN, pour des opérations de maintien de la paix que l’on nomme OPEX, Opérations Extérieures, environ 11000 hommes sont engagés dans ces opérations (Opération Servel au Mali, Sangaris en RCA, Opération aérienne en Syrie, opération Chamade). L’effort demandé à nos armées est considérable, chacune de ces opérations démontre l’expérience, la valeur, le courage, le professionnalisme et le dévouement de nos soldats. Un de nos soldats, le Maréchal des Logis Fabien Jacq, engagé au Mali a été mortellement blessé le 4 novembre au cours d’une mission opérationnelle dans le nord Mali, nous saisissons cette occasion pour saluer sa mémoire. En tant que citoyens, cela nous engage au plus au point et implique notre reconnaissance, c’est pourquoi je suis très heureux de pouvoir saluer la délégation d’élèves officiers de l’Armée de Terre de Saint Cyr-Coëtquidan et de l’Ecole de l’Air de Salon de Provence qui sont en stage au Japon. L’indifférence à la chose militaire est indigne d’un citoyen français, nos militaires sont au service de notre liberté et ils assurent notre sécurité toujours au péril de leur vie et au prix du sang versé. Les nouveaux désordres internationaux obligent nos forces armées à faire face à une menace d’une intensité et d’une diversité sans précédent sur les terrains d’opérations extérieures mais aussi, depuis un an, à une surtension sur le territoire national. Etrangement, on peut dire qu’aujourd’hui nos forces armées sont engagées dans des opérations de maintien de la paix sur des terrains d’opérations extérieures, mais que, par contre, nous menons la guerre contre le terrorisme sur le territoire national selon l’expression même du Président de la République. Situation inédite qui, hélas, est devenue une réalité et une situation spécifique à notre temps à laquelle nous allons devoir nous habituer comme l’a indiqué récemment le Premier Ministre.

Si l’actualité chargée de ces derniers mois n’a donc fait qu’accentuer la nécessité de faire confiance à nos forces armées, elle a aussi entraîné dans la population et surtout parmi la population jeune une prise de conscience des enjeux de sécurité pour défendre nos valeurs républicaines qui fondent notre vivre ensemble ; la parole s’est libérée pour promouvoir un dialogue citoyen dépassionné et répondant aussi à la soif des citoyens de s’engager à rejoindre les forces de défense et de sécurité. L’inquiétude est légitime dans ce contexte d’attentats terroristes, il est aussi normal d’exprimer ses peurs par rapport au devenir de la Nation, mais la peur n’est pas une bonne réponse à la menace terroriste c’est avant tout un repli sur soi-même, c’est une fuite, un refus à faire front devant la réalité quand elle est dure et cruelle. Ce qui est important, c’est de chercher à comprendre et on ne peut le faire qu’en se retrouvant autour de valeurs communes, c’est avant tout cela l’exercice de la citoyenneté, partager des valeurs pour y trouver la force de vaincre les extrémistes fanatiques qui menacent notre modèle de société, notre liberté et notre sécurité. Cela a abouti à deux décisions majeures : la Déclaration de l’Etat d’Urgence et la fondation de la Garde Nationale 12 Octobre 2015 qui vient compléter le dispositif de la « Réserve Citoyenne » fondée en 1999 pour répondre aux menaces spécifiques de notre temps et aux enjeux de sécurité qui en découlent ; ceux-ci, n’étant pas forcément uniquement de nature terroriste, peuvent être aussi concernés l’environnement dans le cadre d’une catastrophe naturelle ou d’ un site industriel comme dans le cas d’une catastrophe majeure telle que AZF a Toulouse . Cette situation est inédite. La « Réserve Citoyenne » sollicite la participation des civils pour renforcer l’esprit défense, elle s’adresse donc aussi à vous. En réaction aux événements, on a vu de nombreux jeunes ayant compris que nos valeurs républicaines étaient menacées, se porter volontaires ; la « Réserve Citoyenne » manque encore malheureusement de visibilité, d’organisation et de moyens. Dommage car cette structure serait à même de valoriser le volontariat. On dit de vous que vous êtes « une génération morale », votre époque est définie par la domination et la rapidité des moyens de communication, en dehors des problèmes de terrorisme liés au fanatisme, on n'a jamais été témoin d’autant de catastrophes naturelles, humanitaires et environnementales, le rythme des événements est incroyable. Ceci appelle effectivement une réaction morale et une mobilisation humaine. Toutes les époques ont eu des défis à relever, pour votre génération le moteur de l’histoire sera la solidarité et la fraternité, on le voit très bien avec la crise des migrants à laquelle le refus et l’indifférence ne sont pas une réponse. Le sens de la fraternité et l’engagement citoyen commencent à notre porte, a votre porte.

Alors qu’une seule journée ne peut suffire à présenter tous les aspects de la vie civique et les multiples opportunités de vivre un engagement citoyen, à l’étranger, la Journée Défense Citoyenneté se résume uniquement à 3 heures et se déroule dans votre établissement scolaire, tandis qu’en France vos camarades de terminale sont convoqués à rejoindre une caserne. Il me semble que, néanmoins, pour vous, cette journée doit être prise très au sérieux et considérée et vécue comme une journée d’émancipation puisqu’elle remplace le Service National qui autrefois durait 18 mois (davantage même au moment de la guerre d’Algérie), ensuite la durée a été ramenée à 16 mois puis 12 mois avant que le Service National ne soit définitivement supprimé en 1997 par Jacques Chirac. On avait coutume à l’époque du Service Militaire de dire que c’était en revenant du Service Militaire qu’un jeune homme était émancipé, l’Armée comme on disait alors était le passage obligatoire pour devenir un homme, c’était une sorte de rite initiatique républicain reconnu et accepté par tous. « Etre réformé » ou se « faire réformer » comme on disait aussi pouvait avoir des conséquences nuisibles pour tout le reste de la vie, c’était soit qu’on était en mauvaise santé, soit qu’on avait triché. C’est à l’Armée, comme on disait, qu’on apprenait la mixité sociale, le vivre ensemble mais aussi le faire ensemble, c’est aussi là qu’on apprenait encore que « la discipline est la force des armées ». C’est pendant son Service Militaire au moment « de faire ses classes » selon l’expression que l’on apprenait bien sûr la Devise, les Symboles et les Valeurs de la République. Je pense qu’à l’occasion de cette Journée Défense et Citoyenneté, il faut que vous soyez conscients que c’est autour de ces symboles et de ces valeurs de la République que nous sommes réunis aujourd’hui. Je sais très bien qu’aborder ces thèmes est très généralement considéré comme un terrain idéologique sur lequel on préfère ne pas s’aventurer de crainte de soulever une polémique. Personnellement, il me semble que si nous devions clôturer cette Journée Défense Citoyenneté sans avoir abordé ces sujets, nous aurions failli à notre mission. Je vais donc le faire avec bonheur et non pas m’y risquer car, personnellement, je ne considère pas que c’est un risque de parler de la République, de la Nation, du Citoyen et du Drapeau, c’est un honneur. Ces mots ont nourri mon idéal républicain et continuent à stimuler ma capacité à vouloir toujours rester un citoyen engagé. Je ne vais pas du reste me risquer dans des définitions qui par nature enferment la pensée de façon réductrice et statique, lorsque j’ai le choix, je préfère toujours l’ouverture et le mouvement. Je vais donc partager avec vous quelques réflexions personnelles qui je l’espère, à leur tour, éveilleront des réactions de votre part et permettront d’ouvrir un dialogue fécond au moment des questions-réponses .

La République : je ne vais pas convoquer l’histoire pour vous donner une définition de la République. Je vais aller droit à l’essentiel, pour moi la république repose fondamentalement sur sa devise : Liberté, Egalité, Fraternité qui signe d’abord une émancipation fondamentale de tous les français, de « sujets » sous l’ancien régime, ils deviennent citoyens. Le Citoyen acquiert des droits, mais il a aussi des responsabilités. La République, c’est un Projet. On parle beaucoup aujourd’hui de « vivre ensemble », c’est en respectant les valeurs de la République que nous pouvons réussir à « vivre ensemble ». Egalité, responsabilité, équité, justice, liberté c’est ce que nous apporte et nous garantit la République, mais cela est autant un droit qu’un devoir, l’égalité, la responsabilité, l’équité, la justice, la liberté pour soi c’est aussi l’égalité, la responsabilité, l’équité, la justice et la liberté pour autrui. La République est une et indivisible a-t-on coutume de dire.

J’aime penser que la République est un collectif civique d’individus, d’hommes et de femmes qui ont des intérêts multiples en commun, mais aussi qui s’enrichissent de la multiplicité de leurs origines, de la variété de leurs croyances et de la pluralité de leurs orientations politiques au service du bien commun et à condition de respecter les règles du « vivre ensemble » régulées par le principe de laïcité dans l’espace public. Pourtant ne soyons pas naïfs, il existe bien sûr des lignes de partage en fonction des convictions et des engagements personnels de chacun, on ne peut pas gommer toutes les différences, l’histoire est faite de rapports politico- socio-économiques et c’est normal en démocratie, la délibération fait partie du jeu parlementaire, mais au sein de la République il doit y avoir plus d’intérêts et d’objectifs communs que d’antagonismes.

La Nation : Concernant la définition de la Nation, je crois qu’on ne peut pas faire l’impasse sur la célèbre définition de Renan publiée en 1882, elle nous éclaire encore aujourd’hui, même si elle devrait être complétée, du moins son interprétation élargie. Je la cite : « Une Nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses constituent cette âme, l’une est la possession en commun d’un riche legs de souvenirs, l’autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l’héritage qu’on a reçu indivis. Avoir des gloires communes, dans le passé, une volonté commune dans le présent, avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà les conditions essentielles pour être un peuple. »

Dans un autre écrit, Renan complétait : « La Nation est un plébiscite de tous les jours ».

Je relève des mots essentiels : « le désir de vivre ensemble » mais accompagné d’une dynamique : « faire l’histoire », ne pas la subir, le message est clair, soyez des citoyens actifs, sans forcément sentir l’obligation d’un engagement politique, mais ayez des convictions, sachez déployer « une énergie sociale ».

Notez que, pour Renan, la Nation est de nature à la fois mystique et charnelle, elle est âme et corps à la fois. L’« Etat Nation » fait le Citoyen.

L’identité nationale : Réduire le droit à la nationalité à l’identité nationale et à la question de l’origine ethnique et religieuse ne correspond pas pour moi à l’esprit ni aux valeurs de la République qui sont avant tout la justice et l’équité, l’égalité des chances pour tous. Pour ma part, j’ai retenu le titre d’un ouvrage d’Alain Minc dont je partage au moins le titre puisque je n’ai pas encore lu son livre : « Un français de tant de souches » tel est le titre de ce livre. De par son histoire, la France a en effet plusieurs visages, l’identité dans la diversité est une réalité qui non seulement est un héritage historique, mais qui est aussi une des données de notre époque caractérisée par la mondialisation des échanges et la circulation des biens et des personnes. Ici-même dans cette assemblée, vous êtes nombreux à être ce qu’on appelle des bi-nationaux, si vous avez par exemple une maman japonaise et un papa français, vous êtes le visage de la France, vous êtes le visage d’une France ouverte qui rayonne sur le monde. Certes, être Français correspond bien sûr à des valeurs profondes : linguistiques et culturelles, et bien sûr à l’adhésion aux principes et valeurs de la République que nous avons développés un peu plus tôt avec, comme grand principe, la laïcité.

Le Patriotisme : Vous aurez noté que, pour Renan, la Nation est de nature à la fois mystique et charnelle, c’est probablement le fondement du Patriotisme qui est l’amour de la Patrie à condition que celui ci ne soit pas considéré comme une valeur du passé même si on y retrouve « un riche legs de souvenirs glorieux » ; le patriotisme est un engagement viscéral et fonctionnel qui émerge naturellement du fond de notre conscience, généralement en période de conflit lorsqu’il y a une forte menace sur notre intégrité et sur notre souveraineté nationales. Faire preuve de patriotisme sans être réduit à cela est synonyme de faire preuve d’un grand courage. C’est dans ces conditions que les hommes et les femmes peuvent être capables d’héroïsme, de se dépasser en faisant preuve d’un courage et d’actes de bravoure exceptionnels en prenant aussi des risques incroyables. Je prends bien sûr pour exemple les héros de la résistance mais que dire du policier ou du gendarme qui s’interpose pour stopper un terroriste qui allait faire sauter le stade de France. Sans vigilance, notre destin est constamment menacé. Les actes de patriotisme ne sont pas forcément toujours spectaculaires.

La citoyenneté: Il y a aussi de multiples manières d’aborder la citoyenneté. Pour moi la Citoyenneté, c’est avant tout une attitude civique et responsable vis-à-vis de mon pays et vis-à-vis de mes compatriotes. La citoyenneté pour moi peut inclure des convictions humanistes et religieuses et c’est grâce à la laïcité que nous pouvons chacun avoir nos convictions et nos croyances. Je crois que la diversité est une chance pour la France et que la laïcité est un élément incontournable du vivre ensemble, l’intégrisme de quelque origine qu’il soit est incompatible avec la citoyenneté et les valeurs d’humanité de la République Française. La Citoyenneté, c’est pour moi une « culture de la dignité » avec une finalité commune : promouvoir le « vivre ensemble ».

Le Drapeau : Doit nourrir le respect et la ferveur. C’est derrière le drapeau et les valeurs qu’il représente que nos soldats vont se battre et traditionnellement monter à l’assaut, ce drapeau il est à la fois tache de sang et de gloire. C’est la souveraineté populaire qui s’exprime derrière le drapeau. Une nation sans drapeau, ça n’existe pas. Le drapeau français, c’est l’Identité de la France, c’est le drapeau des Droits de l’Homme. Nous devons être fiers de notre drapeau et de ses trois couleurs tricolores dont la symbolique a plusieurs interprétations. C’est le symbole du rayonnement de la France sur terre, sur mer et dans les airs. C’est un symbole sacré, c’est pour cela que souiller le drapeau français est un blasphème et on se doit d’être très vigilants concernant l’usage qui est fait du drapeau tricolore, certains partis politiques voudraient en faire une récupération comme le symbole d’une identité figée et un symbole de repli identitaire. Le drapeau ne doit pas être utilisé pour diviser les français, c’est un symbole de rassemblement et d’unité. Le drapeau français porte partout dans le monde les valeurs sacrées et universelles de la République : Liberté, Egalité, Fraternité. 

En tant que citoyen français, je ne peux que me réjouir et être fier que le Souvenir Français, à l’initiative de son Délégué général au Japon, Matthieu Seguela, que je salue fraternellement au sens républicain, ait permis de remettre au LFIT le drapeau de la 1ere Armée, Rhin et Danube commandée par le Général de Lattre de Tassigny de 1944 à 1945, c’est lui qui, mandaté par le Général De Gaulle, représenta la France lors de la signature de la capitulation du IIIème Reich à Berlin le 8 mai 1945. Ceci représente, à mon sens, une « démarche symbolique de mémoire », de très grande portée historique et de valeur pédagogique. « Honneur et Patrie », à présent, au sein du LFIT se trouve cet emblème de la souveraineté française qui non seulement est un symbole de mémoire, mais qui doit rappeler à chacun les valeurs de la République dont notre bien le plus sacré à tous, la Liberté pour laquelle 17,000- hommes et femmes de l’Armée du Rhin et Danube ont perdu la vie sans compter les 41,000-blessés. Il y a bien d’autres « symboles et rituels de mémoire » qui doivent rassembler les citoyens français comme le 14 juillet et les cérémonies de commémoration du 11 novembre que nous venons de célébrer qui comportent le lever des couleurs, le chant de la Marseillaise et le dépôt de gerbes devant les monuments aux morts (« des lieux de mémoire »). Chacune de ces occasions doit être un moment de ferveur et de respect mais aussi permettre de réfléchir au destin de la France, que serait celui-ci aujourd’hui sans les valeurs de la République qui nous fédèrent en représentant notre patrimoine commun. Ceci n’est pas le culte du passé, mais l’incarnation d’un « être collectif » qu’on nomme Citoyen. « Riche legs de souvenirs et une volonté commune dans le présent » Voilà ce qu’écrivait toujours Ernest Renan.

Au terme de ce parcours initiatique des grands principes, symboles et emblèmes de la République, vous devriez, à présent, ressentir en vous une énergie nouvelle que j’appelle personnellement une « Energie Citoyenne et Sociale ». Tout au long de votre vie, dans les circonstances dans lesquelles vous serez amenés à vivre, en fonction des situations et des événements, votre « conscience citoyenne » vous appellera à faire des choix et à vous engager, répondre par l’indifférence et l’abstention sont une attitude égoïste et excluante dont vous ne sortirez jamais grandis.

Le progrès que rend possible la République, c’est l’émancipation et la responsabilité de chaque citoyen dans la société, grâce à cela, portés par vos convictions républicaines, vous contribuerez à bâtir une France unie et solidaire capable de promouvoir une société plus juste, plus fraternelle et plus responsable. Votre engagement citoyen commencera par exercer votre devoir de citoyen en exerçant votre droit de vote. 

Vous aurez ensuite de nombreuses occasions dans votre vie de vous engager au service de la communauté nationale, concrètement cet engagement se traduit avant tout par un engagement dans votre communauté de proximité. Pour répondre par des exemples concrets, si vous deviez vivre ici au Japon, vous auriez de nombreux choix possibles d’engagements volontaires qui rejoignent l’esprit de la Réserve Citoyenne :

  • Participer au réseau d’ilotage pour garantir la sécurité de vos compatriotes en cas de tremblement de terre ou autres catastrophes naturelles. En France, beaucoup de gens s’engagent comme pompiers volontaires ou comme secouristes.
  • Participer à la vie associative de votre communauté en fonction de vos goûts et de vos sensibilités électives, il existe de nombreuses associations françaises au Japon qui recouvrent toute la diversité des sensibilités et des besoins de la communauté française, mais qui ont toutes en commun la vocation de créer du lien social. J’ai personnellement présidé pendant plusieurs années l’Association des Français du Japon.

Il existe tout particulièrement une association, l’OLES Japon, qu’actuellement je préside, qui a permis de fédérer l’ensemble des 16 principales associations françaises présentes au Japon pour assurer une structure d’entraide et de solidarité qui vient en aide à nos compatriotes les plus défavorisés qui traversent provisoirement une période moralement ou matériellement difficile. Ceci démontre que nous avons tous une communauté de destin qui peut passer par des hauts et des bas, chacun peut participer à cette chaîne de solidarité.

A l’occasion d’événements exceptionnels tels que le grand tremblement de terre du 11 mars 2011 dans le Tohoku, plusieurs associations se sont créées pour porter de l’aide aux sinistrés, en particulier la Caravane Bon Appétit, nous avons été plusieurs dès le 4 avril 2011 à monter dans le Tohoku porter secours aux sinistrés en leur apportant de la nourriture et du réconfort moral. Nous avons aussi participé à des opérations de déblaiements avec l’AFJ.

  • La vie professionnelle peut également vous conduire à prendre un engagement associatif au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française au Japon et quand votre expérience professionnelle sera affirmée, vous pourrez faire bénéficier toute la nation de votre expertise en devenant Conseiller du Commerce Extérieur de la France.
  • La vie scolaire donne également la possibilité d’un engagement citoyen dès le Lycée en tant que délégué de classe et, plus tard, comme délégué de parents d’élèves.
  • Vous pouvez encore franchir un pas de plus dans votre engagement en faveur de vos compatriotes quand vous vivez à l’étranger, puisque vous pouvez devenir administrateurs voire, pourquoi pas, président d’une des deux grandes associations reconnues d’interet public, représentatives des français établis à l’étranger l’ADFE-Français du Monde ou l’UFE, ce sont des réseaux d’influence importants.
  • Enfin, cerise sur le cadeau, si j’ose dire, si votre engagement citoyen vous conduit à développer aussi une conscience politique, et pourquoi pas, vous pourrez aussi aspirer à devenir Conseiller(e) Consulaire pour être le ou la représentant(e) de vos compatriotes auprès des représentants locaux des pouvoirs publics principalement le consulat et siéger ainsi dans plusieurs commissions locales (bourses scolaires, sécurité, aide sociale).
  • Last but not least, élu Conseiller Consulaire vous pouvez alors encore franchir l’étape suivante et vous faire élire pour une zone géographique élargie comme Conseiller à l’Assemblée des Français de l’Etranger, organisme représentatif mais uniquement consultatif des Français Etablis hors de France placé auprès du MAEDI.
  • Ultime consécration dans ce parcours citoyen à l’étranger, vous envisagerez peut-être un jour de briguer un siège de sénateur ou de député représentant les Français de l’Etranger, il y a 12 sénateurs représentant les français établis hors de France et 11 circonscriptions pour les députés.

Au terme du long exposé de cet inventaire, qui n’est pourtant pas exhaustif, vous réalisez que la capacité d’engagements volontaires correspondant à un engagement citoyen pour servir son pays est quasi illimitée pour toute femme et tout homme déterminé à servir. A côté du don de soi dont nos militaires ont fait le choix, notre engagement citoyen revêt une valeur symbolique, mais il est aussi essentiel pour que la nation reste forte et solide dans ses principes dans un contexte ou son unité est de plus en plus exposée.

Dans notre monde post-industriel, il me semble qu’il y aura de plus en plus de besoins sociaux à couvrir et que la Réserve Citoyenne prendra un rôle de plus en plus important. Les plus motivés d’entre vous sauront se rendre compte que, loin d’être un handicap, l’engagement citoyen apporte un surplus d’expérience humaine qui valorise aussi la vie professionnelle. Comme autrefois, être officier de réserve était considéré comme un atout valorisant au sein d’une entreprise.

En conclusion, retenez ceci, l’être l’humain ne progresse que s’il se dépasse et quand il est acteur de sa vie, puissiez vous retenir cela de cette Journée Défense et Citoyenneté.

Je vous souhaite une très belle vie !"

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