Philosophie à l'honneur dans le Courrier Japon du mois de mai 2013

Au mois d'avril dernier, le LFIT a eu l'honneur de recevoir des journalistes du "Courrier Français Japon" intéressés par l'apprentissage de la philosophie au Lycée Français. M. RITTER a donc accepté d'accueillir ces journalistes pendant quelques heures de classe. Retrouvez ci-après, l'article rédigé par la journaliste de "Courrier International Japon" traduit, et annoté en Français par M. RITTER. Bonne lecture !

J’ai assisté aux cours de philosophie avec des élèves français !

Le Lycée Français International de Tokyo offre le même programme d’éducation qu’en France. Comment s’y passent donc les cours de philo ?

Début avril, deux mois avant les examens du Baccalauréat, j’ai assisté aux cours de philosophie avec les élèves français qui suivaient ce cours depuis le mois de septembre.
Nous avons commencé à 10h les cours qui se sont terminés à midi, avec 10 minutes de pause. Durant ces deux heures, J’ai senti mes pensées figées se libérer. Le thème de ce jour portait sur «la liberté», thème que les élèves étudiaient depuis la semaine précédente. 

Monsieur RITTER, professeur de philosophie, 39 ans, a posé une question qui m’a tout de suite intimidée.

« Nous avons en principe le libre-choix. Mais ce choix n'est-il pas toujours déterminé à notre insu ? »
De plus, il a cité un exemple concret qui m’a renversée.
« Par exemple, ce vendredi soir, vous terminez vos cours à 16h et vous avez deux choix. Soit vous rentrez chez vous pour réviser vos cours soit vous sortez pour aller à la taverne. Il semble que nous ayons ici le libre-choix. Mais, en tenant compte du caractère de chacun, de sa nature, et de l’éducation reçue, ne pourrions-nous pas deviner la réponse ? On a le sentiment d’être libre de son choix, mais est-ce la vraie liberté ? » [exemple emprunté à LEIBNIZ].
Tout d’un coup, le sujet a attiré mon attention, cet exemple ayant été facile à imaginer comme quelque chose qui pouvait m’arriver. Apparemment, c’était le cas pour les élèves. Un élève a immédiatement donné un avis : « nous n’avons pas que l’un de ces deux choix. Nous pouvons rentrer chez nous puis pouvons changer d’avis pour décider d’aller à la taverne… ». D’autres ont réagi à cet avis.
« Si on allait au cinéma avec Dieu… »
Prenant en compte les opinions des élèves, le professeur les conduit par étapes vers d’autres arguments. Une question posée ensuite par le professeur était très intéressante.
« Dans 5 secondes, choisissez de lever la main droite, ou la gauche. »
Un élève désigné lève sa main gauche après avoir réfléchi un court instant.

Le professeur explique. 
« Vous auriez pu lever votre main droite, mais finalement vous avez choisi votre main gauche. Cette action est libre, c'est indiscutable. Elle suffit, selon BOSSUET (homme d’Eglise), à prouver l'existence de la liberté. Et si la liberté existe dans ce cas, pourquoi ne pas supposer qu'elle est présente dans toutes nos actions ? »
Sur cette question, des élèves échangent également quelques idées simples comme, par exemple, sur les conditions différentes d'un gaucher et d'un droitier. Et le professeur continue en répondant à l’élève, « c’est une bonne remarque, mais BOSSUET pense que … »
Comme le nom des philosophes et leurs pensées sont présentés avec des exemples concrets, toutes ces données sont faciles à retenir.
SPINOZA, DESCARTES, SARTRE… Lorsque je regarde mes notes et les polycopiés de ces cours qui ont duré deux heures, j’y vois un certain nombre de philosophes, mais je n’ai pas du tout l’impression qu’on m’a raconté des histoires rébarbatives. 
Après, je suis tombée de ma chaise quand j’ai entendu un élève demander au professeur si toutes nos conduites étaient les desseins de Dieu… 
Au passage, le thème qui a le plus animé les élèves était le suivant :
« Si on allait au cinéma avec Dieu, serait-il capable de faire un parfait choix de film ? »

J’ai beau avoir vécu 2 fois plus que ces élèves-là, je n’arrive toujours pas à trouver la réponse à cette question…