11 NOVEMBRE 2022
À l’occasion du 104ème anniversaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale, deux « Cérémonies du Souvenir des Morts pour la France » se sont déroulées à Tokyo et Yokohama.
Vendredi 11 novembre 2022, l’Ambassadeur de France au Japon, Monsieur Philippe SETTON, a accueilli dans la cour de la Résidence de France, à Tokyo, des représentants du lycée français international de Tokyo dans le cadre des commémorations de l’armistice du 11 novembre 1918.
Ensemble, ils se sont ensuite rendus à Yokohama où une cérémonie était organisée au cimetière des étrangers.
Deuxélèves de Première Euro étaient présentes (Émilie LECLERCQ et Amélie ZERAH), ainsi que seize élèves de Seconde de Section internationale japonaise. Ils étaient accompagnés de Mme Anne-Laure CAMPELS, Proviseure du LFI Tokyo et de leurs professeurs d'Histoire-Géographie/EMC MM. Gilles MASTALSKI et Matthieu SÉGUÉLA.
Les porte-drapeaux pour les deux cérémonies ont été Leina SAUTIERE, Marilou DESBIEF, François BAYLE et Névénoé CODET-OKI. Amélie ZERAH a participé au lever des couleurs à la Résidence de l’Ambassade de France.
TEXTE LU À LA RÉSIDENCE DE FRANCE (TOKYO) PAR ÉMILIE LECLERCQ :
« Chers parents,
Ma lettre va vous causer une grande peine, mais je vous ai vus si pleins de courage que, je n'en doute pas, vous voudrez bien encore le garder, par amour pour moi.
Vous ne pouvez savoir ce que moralement j'ai souffert dans ma cellule, [ce] que j'ai souffert de ne plus vous voir [...] pendant ces quatre-vingt-sept jours de cellule, votre amour m'a manqué plus que vos colis et, souvent, je vous ai demandé de me pardonner le mal que je vous ai fait [...] Avant, je vous aimais par routine plutôt mais, maintenant, je comprends tout ce que vous avez fait pour moi. Je crois être arrivé au vrai amour filial. [...]
Je meurs pour ma patrie, je veux une France libre et des Français heureux, non pas une France orgueilleuse et première Nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. [...]
Pour moi, ne vous faites pas de soucis, je garde mon courage et ma belle humeur jusqu'au bout et je chanterai "Sambre et Meuse" parce que c'est toi, ma chère petite maman, qui me l'a appris [...]
Les soldats viennent me chercher. Je hâte le pas. Mon écriture est peut-être tremblée, mais c'est parce que j'ai un petit crayon. Je n'ai pas peur de la mort, j'ai la conscience tellement tranquille.
Papa, je t'en supplie, prie, songe que si je meurs, c'est pour mon bien. Quelle mort sera plus honorable ? Je meurs volontairement pour ma patrie. Nous nous retrouverons bientôt tous les 4 au ciel. Qu'est-ce que cent ans ? [...]
Adieu, la mort m'appelle, je ne veux ni bandeau ni être attaché. Je vous embrasse tous. C'est dur quand même de mourir. Mille baisers.
Vive la France.
Un condamné à mort de 16 ans. »
Henri FERTET est fusillé le 26 septembre 1943 après 87 jours d'emprisonnement et de tortures.
TEXTE LU À YOKOHAMA PAR MATTHIEU SÉGUÉLA, DÉLÉGUÉ GÉNÉRAL DU SOUVENIR FRANÇAIS AU JAPON :
"Chaque 11 novembre, un hommage est rendu à un des Français du Japon morts durant une des guerres où la France a été engagée. Cette année, l’hommage a été rendu au lieutenant Henri Alfred Hayem “mort pour la France” en 1915.
Henri Alfred Hayem (1er janvier 1879 - 16 février 1915) était le fils du professeur de médecine Georges Hayem (1841-1933), membre de l’académie nationale de médecine et consultant aux armées pour la région de Nice et de Mme Hélène Hayem, née Javal.
Henri Hayem était un juriste brillant et prometteur. Après une thèse soutenue à l’université de Paris en 1907 en sciences juridiques, il en soutient une autre en 1910 à l’université de Dijon en droit privé et droit criminel. Il sort lauréat de la faculté et débute dans le professorat comme chargé de cours à la Faculté de droit d'Aix-en-Provence. En 1912, il accepte une chaire de droit civil à la Faculté impériale de Tokyo. Là, il travaille en étroite concertation avec l’ambassadeur de France M. Eugène Regnault qui l’apprécie au plus haut point. Le recrutement d’Henri Hayem s’inscrivait dans une tradition japonaise de faire appel à d’éminents juristes étrangers, en particulier français. Les premiers avaient été Georges Hilaire Bousquet (1872) ; Gustave Emile Boissonade (1873) ; Georges Victor Appert (1879) ; Hippolyte Revillaud (1889) et Michel Revon (1892). Henri Alfred Hayem allait être le dernier.
Alors qu’il se trouvait en congés en France avec son épouse Elisabeth Russel-Cruise au moment de la déclaration de guerre d’août 1914, il se proposa immédiatement pour aller au front au lieu de regagner son poste de mobilisation au Tonkin. Nommé au grade de lieutenant du 33ème régiment d’infanterie, il prit part à une série de combats dans le Nord et en Champagne. Blessé et à peine rétabli au début de l’année 1915, il retourna sur le front. Dans les champs meurtris de la Marne, le 16 février, il trouva la mort dans la commune de Minaucourt-Mesnil-les-Hurlus en montant à la tête de sa compagnie à l'assaut d'un fortin ennemi, « une position très forte qu’il a brillamment enlevée avec sa compagnie » comme l'écrivit son colonel. « Une mort glorieuse » ajouta son supérieur dans une lettre à ses parents qu’il conclut ainsi : « Honneur à ce brave enfant, à ce vaillant soldat qui a trouvé la belle mort du chef, la fin d'un héros ! »"
Henri HAYEM avait 34 ans. A titre posthume, il a été fait chevalier de la Légion d'Honneur et a reçu la Croix de Guerre, avec citation à l'Ordre de sa Division. Il est « mort pour la France ».